Les pâles rayons du soleil levant transperçaient les nuages bas ; à cette heure, assis devant la tanière des Gardiens, je pouvais pleinement recevoir la lumière émanant de l'astre. D'une hauteur que jamais Légende Impériale ne pût égaler, et ne pourra jamais ; oui, une sorte de réconfort accompagnait ce mouvement quotidien de se lever aux aurores et d'observer, en aparté des conversations qui explosaient tout autour de moi, le règne du soleil débuter. Qu'étions-nous sans lui ? Frêles créatures, hâves, amputées de la vue sans nul doute, grouillant dans la terre comme de misérables vers en rampant pour quelque miséricorde venue des cieux. Oui, le Ciel est plus grand que n'importe quel monarque de n'importe quelle Colonie, aussi illustre soit-il. Plus jeune, cette affirmation m'eût coûté un fou rire, mais je n'étais plus certain de devoir me moquer de l'immensité de la voûte bleue.

En même temps le vent se leva, ébouriffa les fourrures et tournoya sur la place publique. Je gonflai mon pelage afin de me protéger de ses assauts glaciaux et plissai les yeux lorsque la lueur des cieux se réverbéra sur mes chétifs yeux. Pour rien nous serions aveuglés ; pour rien nous serions privés de notre vue ; et pour cette raison, nul ne pouvait se permettre de dénigrer les actes de la Colonie. Nous étions si éphémères, si étrangement constitués, de sorte que la nuit apparût noire et non colorée ! Je décidai de me mouvoir légèrement à dextre, profitant de l'onde rare de chaleur d'hiver pour la contenir dans mon pelage, avant qu'il ne fît froid. Quelques-uns m'interpellèrent amicalement, avec une pointe d'ironie non dissimulée, mais je les laissai s'amuser seuls.
Je soupirai.